Bonjour.
Voici le WIP de réparation de ma borne vectorielle Sega Space Ship.
J'ai acheté cette borne le 29 novembre 2009 au sieur Wanou. Le topic du road-trip est
là.
0. Mises à jour1. Recherche de documentationC'est carrément la misère absolue pour trouver un milli-octet de doc sur le net à propos de cette borne.
Il n'y a que très peu d'informations :
- sur KLOV, elle existe mais il n'y a pas de photo ; au passage, je suis le seul propriétaire enregistré
- sur Arcade Flyers, elle est présente dans un flyer SEGA de 1978.
- sur System16, elle est référencée comme étant un jeu sans CPU ; la photo provient du flyer SEGA
- une recherche google ne donne pas grans chose : lien sur mon RT, probablement lien sur cette page prochainement, et 2 trois trucs pas terribles
Je n'ai trouvé
aucune information sur :
- l'écran vectoriel
- le PCB de jeu
J'ai quand même une feuille A3, même si les informations qu'elle contient auraient été faciles à retrouver :
Il s'agit du plan de câblage de la borne, sur lequel est présent le schéma électronique de la partie alimentation.
C'est mieux que rien, mais ce n'est pas un document clé !
2. Nettoyage, état des lieuxDès que la borne est arrivée dans mon sous-sol, je me suis dépéché d'aspirer toutes les arraignées qui ont fait le voyage avec la borne, avant qu'elles ne colonisent mon sous-sol.
J'en ai assez comme ça sans en apporter d'autres !
Celle-là n'est plus vivante, mais c'était un beau spécimen :
Ce n'est pas la première fois que je trouve ça au fond d'une borne, mais celle-la aussi a reçu la visite de rongeurs :
Il semble que le rongeur de gauche ait moins bien mangé que celui/ceux de droite !
La borne souffre d'un manque, pour moi qui suis tout seul pour la déplacer : elle n'a absolument aucune roulette...
Ce n'est pas un problème : j'ai réalisé un petit support avec 4 roulettes :
Après un coup de baguette magique, la borne est posée sur son tapis roulant :
Ca ne parait pas, mais ce fut une prise de tête monstrueuse pour la placer
seul sur le support.
Le support ne demande qu'à rouler (il est prévu pour) et la borne possède 4 pieds qui doivent venir se placer dans les 4 angles du support.
Pfiouuuuu, ayé :
Lorsque j'avais acheté la borne, Wanou m'avait signalé que le tube était marqué en son centre, qu'il y avait comme une goute d'étain.
Je pensais que le spot avait méchamment marqué le tube en son centre, faute de mouvement demandé par un PCB en panne.
J'ai retiré la vitre et finalement il en est autrement :
Il s'agit simplement d'un genre de gomette décorative collée sur le tube.
D'une part il est impossible qu'elle soit arrivée là pile au centre par hasard, et d'autre part, je m'autorise à penser qu'on peut deviner comme un truc identique sur l'unique photo existante de cette borne.
Je décide donc de ne pas retirer ce truc pour le moment.
Ayant passé l'aspirateur sur le tube, on dirait qu'il est sale :
Petit test :
Hum, je pense que l'écran n'a pas été nettoyé depuis 32 ans...
Mieux :
Voila, la borne a été nettoyée.
Je vais pouvoir passer aux choses sérieuses sans me dégeulasser les pattes à chaque fois.
3. Examen de l'écranL'écran est un écran monochrome X-Y fabriqué par SEGA :
La référence "96076X-P" est totalement inconnue...
Le numéro de série comporte 7 chiffres ! Je ne pense pas que le 1er écran sorti de ce type ait porté le numéro de série 0000001 !
Un écran "X-Y" dispose d'un principe de fonctionnement radicalement différent d'un écran standard.
Avec un écran standard, le PCB génère un signal qui représente la luminosité de chaque ligne (ou des composantes
RVB), en partant du haut.
L'électronique de l'écran se synchronise à la fois sur la fréquence ligne et trame du PCB pour générer les courants des bobines de déviation ligne et trame.
L'image est balayée ligne par ligne de manière linéaire.
La fréquence ligne est utilisée en interne pour faire fonctionner la THT.
Avec un écran X-Y, c'est le PCB qui peut déplacer le spot à l'écran où bon lui semble pour dessiner des formes géométriques.
L'électronique de l'écran intègre 2 gros amplis pour piloter correctement les bobines de déviation à partir des signaux X et Y envoyés par le PCB.
Le PCB peut aussi contrôler la luminosité du spot pour faire un saut à l'écran sans laisser de trait visible ou pour apporter à l'image des dégradés de luminosité.
Pour la génération de la THT, il existe un oscillateur libre qui n'est pas synchronisé avec le PCB car c'est inutile.
En lisant la doc de certains écrans X-Y (Electrochrome), j'ai vu qu'il existait des protections pour ne pas brûler le tube si le PCB ne fait pas déplacer le spot.
Sur l'écran Electrochrome en question, la luminosité du spot est forcée à 0 en cas d'absence de mouvement demandé par le PCB.
Sur cet écran SEGA, j'ignore si une telle protection existe, et si elle existe comment elle procède.
Sur la vue d'ensemble, on peut constater :
- un petit toron à 2 fils (rouge + jaune) indiqué comme "overheat protection" ; je pense qu'il s'agit d'un capteur thermique placé au plus près des 4 gros transistors TO3 placés sur l'énorme radiateur noir
- le connecteur bleu va au PCB ; il y a quand même 28 fils !!!
- le dernier connecteur est le connecteur d'alimentation (basse tension)
J'ai été un peu surpris dans un 1
er temps de trouver autant de fils entre l'écran et le PCB.
Mais finalement, vue la présence de 2 de ces composants :
Il s'agit d'un convertisseur numérique => analogique sur 12 bits.
Il y en a 2, donc ça fait déjà 24 fils...
Je pense (en fait, j'en suis sûr) que l'interface de pilotage de l'écran est de type parallèle, probablement TTL.
En gros, le PCB ne fournit pas 2 tensions (par exemple de -10V à +10V) pour déplacer le spot en X et en Y, mais 2 mots de 12 bits.
J'en déduis une information sur l'image du jeu (image totalement inconnue).
Le PCB peut placer le spot en X à 2
12 = 4096 endroits différents, et même chose en Y.
Du coup, on peut dire que la "résolution" de l'image est de 4096 x 4096.
Pas mal pour un jeu de 1978, non ?
4. Examen du PCBVoici le PCB du jeu :
La partie gauche du PCB (avec les 2 transistors TO3 sur radiateur) est la partie audio.
Pour le moment, je la mets de coté. Son tour viendra bien plus tard.
Il y a 4 zones intéressantes, que j'ai entouré en rouge.
La zone 1, c'est 3 composants de RAM à la con de chez à la con de marque NEC.
Pourquoi à la con ? Il s'agit de puces référence µPD2101AL-2, 256 mots de 4 bits.
Cette puce a la particularité d'avoir des broches
séparées pour les données en
entrée et en
sortie !
Les puces de la zone 2 sont des ROM : 1024 mots de 4 bits par composant.
(pas de photo)
Les puces de la zone 3 ont une fonction assez particulière : Il s'agit de composants 74LS181. Chacun est une "ALU" (Arthimetic Logical Unit) de 4 bits.
En gros, c'est un composant capable de faire l'opération que l'on veut (il en existe 16) sur 2 mots de 4 bits.
Je suppose que SEGA a eu besoin d'une fonction logique spéciale que ce composant sait faire.
C'est une bonne idée car ça évite l'utilisation d'un composant type PAL/GAL et on reste dans du composant générique.
Et enfin, les 3 composants de la zone 4 sont réliés à l'écran.
Il s'agit de 74LS377. Ce sont des latches 8 bits.
En gros, ils assurent que les 2 mots de 12 bits envoyés à l'écran pour déplacer le spot sont stables pendant que le PCB calcule le mot suivant.
Ca me confirme que l'entrée de l'écran est TTL.
Avant d'aller plus loin, je constate qu'il y a des résidus oranges de soudure à de nombreux endroits.
Ormis l'aspect estétique moche, ce n'est pas gênant sauf que ça peut masquer une soudure décollée ou oxydée.
Je verse quelques gouttes d'alcool à brûler, puis je frotte avec une vieille brosse à dent.
Les résidus sont dilués dans l'alcool, qu'il faut récupérer dans un chiffon avant évaporation (sinon, y'a re-dé-po-si-tion !).
Et voilà :
5. Test de l'alimL'alim est assez triviale.
Il y a un transfo 220V => 110V, puis un 2e transfo qui donne diverses tensions.
Ensuite, y'a du gros pont de diode, du gros condo et un régulateur 7805 pour le 5V du PCB.
Il y a un relais de protection anti-surchauffe ; en cas de surchauffe, le relais vient ni plus ni moins couper l'alim de l'écran !
Détail sur la partie régulation du +5 V :
Le radiateur est de travers ; je ne sais pas si c'est moi qui l'ai bougé ou pas.
S'pas bien grave de toute façon.
Le PCB est retiré, le connecteur d'alim de l'écran est débranché.
Il est temps de mettre sous tension pour tester dans un 1er temps la partie alimentation.
Je teste dans un 1er temps les alimentations à vide (sans charge).
Je re-contrôlerai les alims lors d'un essai futur avec l'écran et le PCB branché.
Le +5V du PCB est bon :
Je vérifie également toutes les autres alimentations, bonnes elles aussi.
Le néon derrière le marquee fonctionne lui aussi :
Par contre la petite merde à gauche du néon (le ballast) émet un grésillement insuportable.
Je débranche le marquee qui est inutile pour mes tests (merci Sega pour les nombreux connecteurs).
6. Envoie l'pâté, Simone !Bon, on a bien fait joujou avec l'aspirateur, toussa, il est temps de brancher...
Finalement, à part un gros bruit dans le haut-parleur (que je n'ai pas pu prendre en photo), il ne se passe rien. Aucune image à l'écran.
Je note que la base du tube est orangée, mais comme pour ma
Shark Jaws, ça n'indique pas grand chose.
Je m'en doutais un peu, il est temps de sortir l'artillerie.
Voici le champ de bataille :
Je me suis installé ainsi car je n'ai pas de connecteur 80 broches qui irait sur ce PCB.
Je pense que je vais récupérer un vieux connecteur JAMMA que je vais scier et je pourrai ainsi travailler sur mon établi à une hauteur normale, et avec mon banc de test.
Sur une feuille de papier, j'ai recopié le pinout de composants clés que je veux examiner.
Je teste les sorties des 3 puces de latch du PCB, normalement reliées à l'écran. Effectivement, il y que d'alle.
Par contre, là ou c'est intéressant, c'est qu'en entrée des latches, il y a de la vie :
Voici le signal qui active les sorties du latch :
Il est moche, parasité à mort. C'est une 1ère panne.
En suivant des yeux la piste, je me rends compte que ce signal est généré par... une ROM !!!
J'ai l'impression que les électroniciens SEGA ne se sont pas fait iéch' du tout dans la conception. Ils génèrent certains signaux particuliers à partir d'une ROM.
C'est un peu comme du papier à musique perforé : on déroule et ça se démerde.
Argl, ça c'est une mauvaise nouvelle, ça veut dire que j'ai une (ou plusieurs) ROM de morte(s).
La ROM en question est IC138, que je dessoude :
Après avoir mis un support, je remets la ROM en place tout en isolant la broche concernée.
Peut-être est-ce un autre composant qui superpose du parasitage (IC73 et IC75 sont concernés)...
Malheureusement non, c'est bien la ROM qui semble malade.
D'après mes tests, j'ai plusieurs bits sur plusieurs ROM qui sont malades :
- IC136 : bits D0, D3, D4, D7
- IC138 : bits D2, D3, D4, D5
- IC143 : bits D1, D2, D3, D5, D6, D7
Argl... Enfer et putréfaction de chacal barbare...
Sans le contenu de ces ROM, la réparation s'avère... diffficile...
Que faire ?
Je pourrais adapter et flasher une EPROM, mais encore faut-il savoir quoi mettre dedans !
Peut-être que si j'isole chaque ROM sur une plaque d'essai et que je la lis lentement, j'ai une chance de trouver la valeur des bits qui me manquent ?
Peut-être qu'avec l'âge, l'accès est plus lent et que certains bits n'ont pas le temps de "sortir" avant que l'adresse de lecture ne change déjà...
J'ai essayé de givrer la ROM malade, mais sans aucun succès.
À suivre...